Les femmes du département d’Oussouye à l’école de l’agriculture biologique
Auteur : Francis Silakooul Ehemba
We Love Oussouye, à travers sa Commission Environnement et Tourisme, a organisé en mars dernier une formation intitulée « Atelier de formation en agriculture biologique : technique de micro-jardinage et rôle des femmes dans le département d’Oussouye ». Au total, une vingtaine de femmes, à raison de 5 par commune, ont été formées à l’agroécologie par Bronaire Sikalo Manga, technicien en horticulture et membre de la Commission Environnement et Tourisme de We Love Oussouye.
« L’agriculture c’est la base de la culture. » Maurice Béjart
L’agriculture est encore le moteur des économies de la plupart des pays en développement. Au Sénégal, l’agriculture emploie 60% de la population rurale et compte 752 352 exploitations agricoles familiales (ANSD, 2014). A Oussouye, l’activité agricole est fortement ancrée dans la vie sociale et culturelle de la communauté diola. Selon Paul Pelissier (1958)[1], les diolas forment « une société paysanne qui a imprimé au paysage une empreinte profonde en raison d’une part de l’ancienneté de sa présence, d’autre part, de l’efficacité de ses techniques agricoles ». Les diolas sont réputés pour leurs systèmes de riziculture fortement adossés à leurs traditions. Ce qui fera dire à Lamine Diédhiou (2004)[2], que « la société diola est structurée autour de la production du "riz, base et symbole de la civilisation", signe de richesse ».
« La théorie est absurde sans la pratique et la pratique est aveugle sans la théorie. » Emmanuel Kant
Pour une bonne réussite de l'activité, une formation à la fois théorique et pratique était nécessaire. La première journée de la formation était réservée à la théorie afin de donner les bases de l’agriculture bio aux femmes. Bronaire, aidé de Jean Philippe Bassène et du Professeur Abdou Ndukur Ndao se sont employés à expliquer aux femmes la quintessence de l’initiative We Love Oussouye avant de procéder au développement de la thématique de la formation. A souligner l’accompagnement de la Radio Kabisseu FM (partenaire de We Love Oussouye) qui a couvert l’événement durant les deux jours.
Concernant la méthodologie de la formation, l’approche des échanges entre le formateur et les femmes a été privilégiée. Ainsi les femmes ont pu donner leurs points de vue sur les bonnes pratiques agricoles et leur rôle dans le développement du département. Les échanges ont permis au formateur de relever une bonne connaissance des pratiques à caractère biologique par les femmes, héritées des systèmes locaux de jardinage. En effet, au niveau local, l’agriculture de manière générale se pratiquait sans usage de pesticides.

La formation théorique s’est terminée par des ateliers d’écriture de projet agricole et un cours sur les opportunités d’accès aux financements pour les femmes. Le formateur a témoigné de sa disponibilité à accompagner les femmes qui le désirent dans la rédaction de projets concrets et dans la recherche de financements après la formation.
Après la formation théorique, place à la pratique. Le deuxième jour de la formation était entièrement dédié à des expérimentations effectives sur le terrain. Au programme, technique de confection de planche et de plantation, système de compostage et traitement biologique des plantes. Cette partie de la formation était très animée avec des séances de démonstration du formateur et des exercices pratiques réalisées par les femmes à tour de rôle.

La formation s’est terminée par une séance d’évaluation de la formation par les femmes. Elles ont insisté sur la qualité de la formation reçue et témoigné leur satisfaction à l’endroit du formateur. Elles ont fini par formuler des remerciements à We Love Oussouye et des prières pour que l’initiative soit un succès.
Quelques témoignages :
« Grâce à cette formation, nous sommes davantage convaincues que l’agriculture que nous pratiquions localement est plus saine que celle développée avec des pesticides ! » Marthe Manga, Mlomp.
« Cette formation nous a donné des techniques simples, accessibles et biologiques pour traiter nos plantes. » Syondene Diatta, commune d’Oussouye.
« Un grand merci à We Love Oussouye pour cette belle initiative ! Que ce projet soit couronné de succès. » Sylvie Diédhou, Commune d’Oukout.
« Le formateur a été excellent. L’une des parties que j’ai plus aimé, est celle où il nous explique les opportunités d’accès aux financements. Nous les femmes avons réellement besoin de financements pour nos projets agricoles ! Avec cette formation, nous savons maintenant où déposer nos requêtes. » Aguil Alice Bassene, Oussouye.
A son tour, le formateur a insisté sur la nécessité que les femmes soient des ambassadrices de cette formation auprès de leurs paires en partageant les connaissances et techniques reçues. Enfin des attestations de participation à la formation ont été remises aux femmes.
Après la formation, le suivi-évaluation !
A peine un mois après la formation, le formateur a fait une mission de suivi-évaluation auprès des femmes formées. L’idée étant de voir si les techniques enseignées sont bien appliquées mais également de s’assurer que les femmes formées ont disséminé la formation à leurs paires. Le formateur a été très satisfait des résultats observés sur le terrain.

Quand une femme est bien formée dans le domaine de l’agriculture bio, c’est toute une famille qui se nourrit de manière saine ! Et dans le cadre de cette formation, c’est tout le département qui bénéficiera de produits sains et de qualité.
[1] Paul Pelissier, 1958, Les Diola : étude sur l'habitat des riziculteurs de Basse-Casamance, Les Cahiers d'Outre-Mer, 11-44 pp. 334-388.
[2] Lamine Diédhiou, 2004, Riz, symboles et développement chez les Diolas de Basse Casamance, Québec, Presses de l’université Laval, 339 p.